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lundi 26 février 2007

Au pays des lamas


Chaque matin, en allant au boulot, je commence un slalom digne des plus grands tests de tenue de route des voitures, j’ai peur de détruire le tableau qu’entreprennent mes compatriotes chaque matin, et qui me rappelle que nous sommes un pays d’artistes qui transforment les rues en tableaux de maîtres, je ne sais pas s’ils font dans l’abstrait ou l’impressionnisme, mais le moins qu’on puisse dire, c’est que cet art est très impressionnant, en effet ces peintres contemporains ont aussi des dons musicaux, avant de commencer la toile, ils se livrent à des exercices vocaux, dégageant des mélodies harmonieuses qui varient du rugissement des félins au coassement des grenouilles pour se terminer par un « tfouuuu » ou un « teff » très disgracieux, chaque mélodie donne suite à une mini flaque gélatineuse et répugnante s’ajoutant au paysage qui prend ainsi une coloration vert pastel ton sur ton, je ne sais pas si c’est parce que nous le valons bien, mais en tout cas j’estime que nous valons mieux que de nous livrer à ce genre de rites iconoclastes; je me demande d’ailleurs si nous sommes une société qui vénère les lamas, bien que cet animal ne crache que lorsqu’il est fâché, au contraire des mâles d’Homo Sapiens tunisiens, qui crachent en tout temps, ce qui me laisse penser à deux théories différentes, soit ce sont nos instincts qui s’expriment pour que nous marquions notre territoire, soit c’est le propre de l’homme qu’est l’intelligence , qui veut que chacun laisse une trace dans l’histoire ; c’est vrai que comme trace ce n’est pas aussi grave que bon nombre de dictateurs et d’empereurs qui ont laissé des mares de sang derrière eux, ça reste néanmoins très au-dessous des œuvres qu’on laissé les artistes, surtout que ces tableaux à salive ne sont pas indélébiles. Que dieu leur coupe les glandes salivaires, comme ils me coupent l’appétit chaque matin, ces maudits lamas.

mercredi 21 février 2007

La belle et le clochard

Sans doute ce titre rappelle à beaucoup le conte de deux chiens issus de milieux différents, qui malgré les difficultés, ont protégé leur amour et vécu une belle histoire. Cependant, je suis loin de vouloir parler de cette histoire, la belle de mon sujet n'est autre que ma voiture, elle ne m'a jamais demandé de clochard au cœur doux, ni personne pour veiller sur elle quand je la laisse dans une rue bourrée de passants, et pourtant dès que je parviens à la garer dans un endroit où je peux éviter de payer les droits de parking, je vois tout le temps un pseudo-gardien, qui fait les yeux doux à ma belle, il me parle gentiment comme pour me demander sa main ; mais je n’ai jamais demandé de gendres, et même si ma belle a le droit de réclamer un chevalier servant quand je la laisse, elle n’en aurait sûrement pas besoin en plein jour, personne n’abuserait d’elle devant tout le monde, après tout il m’arrive de refuser de donner ma belle même à de responsables et chics jeunes hommes en uniforme dans des parking de grande surface, ces même jeunes hommes n’ont pas de bâtons, ne réclament pas d’argent et ne font pas les yeux doux comme les autres clochards errants, mais à la différence de ces parkings, les rues ont leurs chevaliers servants, bâton à la main, d’ailleurs je me suis toujours demandé si ce fameux symbole des gardiens de nos biens était destiné aux éventuels voleurs diurnes, ou bien aux conducteurs de voitures, qui s’aventureraient à refuser leurs avances ; quand j’y pense j’ai tout de suite peur pour ma belle, à ma connaissance elle n’est pas masochiste et je ne veux pas qu’on lui fasse de mal, je me suis toujours demandé à quoi il pourrait servir, mais je n’ai jamais poussé l’expérience plus loin, alors je paie pour éviter d’être le premier à élucider cette énigme, dont la solution pourrait s’avérer douloureuse, et je laisse derrière moi ce fameux mystère du bâton pour raccompagner ma belle à la maison, pour une nuit de rémittence, en attendant un autre lendemain douloureux et onéreux.

mardi 20 février 2007

Voilée dévoilée...voilée violée

C'était un jour de Janvier, je me suis épris de la scène d'une femme voilée, dirigée comme un voilier par un homme, qui semblait souffler lui même le vent qui frappe le voile de leur embarcation les menant à sa guise dans le cours de la vie. Il était là derrière elle, guettant tout regard vicieux qui pouvait se projeter sur sa protégée, ou devrais-je dire sur son objet, il ne cessait de lui reprocher chaque pas retardé, chaque arrêt déplacé, et bien sur n'oubliant jamais de projeter tel un volcan en activité, du fond de ses deux cratères juste au dessous de sa marque frontale de pratiquant, des étincelles de regards perçants guettant les yeux baladeurs des imposteurs oculaires. A un moment elle se trouva coincée entre deux hommes chacun esquivait le pas de l'autre tantôt à gauche tantôt à droite, essayant de se creuser un chemin entre les marées humaines de la rue de Rome sous le son hélant des marchands ambulants, cette fraction de seconde d'esquive a vraisemblablement déplu au commandant de bord, qui a cru son navire devenir une proie aux deux pirates pédestres, il attrapa sa compagne de sa main et la poussa entre les deux hommes, il l'utilisa comme le bélier qui fracassait les portes des forteresses, croyant ainsi échapper à ces opportunistes frustrés, mais ce fut une mauvaise manœuvre, en effet l'un des hommes bousculés ne trouva comme cale que le voile de la sainte épouse, s'y accrocha et découvrit de son geste désespéré en quête d’équilibre, les cheveux de la femme qui de voilée semblait devenir violée, comment échapper aux regards opportuns des gens, elle devint rouge se sentant sûrement dépucelée, son homme a quitté le brun pour se teindre en bleu marque de furie et de rage d'un homme désormais cocu. Le criminel qui dénuda la femme était jaune de peur, tout retourné, il avait honte, mais surtout peur de cette bête en furie qui servait à cette ex-voilée de mari. En parfait chevalier l’homme s’empressa de couvrir les cheveux ô combien sensuels et charnels, en faisant attention à lui écraser le crane, lui cria et ordonna de faire attention et la tint par la main comme on tient une bête et la fit marcher devant lui en lui disant « Tu verras en rentrant », il a très bien fait attention à ce qu’aucun cheveu ne dépasse de peur que les frustrés dans notre genre n’arrivent à apercevoir la merveille qu’il tient tant à couvrir. Pauvre de nous on n’a pas eu assez de temps pour admirer les cheveux de cette dame, ni fantasmer sur l’érotisme dégagé par les formes de cette femme. Elle a de la chance d’appartenir corps et corps à cet homme, qui sans lui, elle aurait pu vivre avec les cheveux découverts au risque de voir tous les hommes la violer, l'insulter, la convoiter comme ils le font toujours dans la rue dès qu'ils voient une femme cheveux nus.